En 2021, et surtout après une crise qui a impacté l’ensemble des milieux professionnels, les personnes en situation de handicap ont toujours autant de mal à s’insérer dans le monde professionnel. Comment vouloir continuer à trouver sa place quand on vous propose une majorité d’emplois sous-qualifiés sous prétexte qu’une « différence » empêche l’accession à des postes où les compétences requises sont pourtant présentes ? Certain(e)s ont abandonné en cours de route – et on les comprend –, mais pour celles et ceux qui souhaitent obtenir leur place dans le marché du travail, c’est un véritable parcours du/de la combattant(e). On voit également que dans les entreprises, certains préjugés et manques de compréhension sur les situations de handicap font que beaucoup d’employeurs/euses imaginent ces travailleurs/euses enclins à n’aller que dans des structures adaptées. Comment s’assurer que les actifs/ves en situation de handicap se retrouvent devant des professionnel(le)s sensibilisé(e)s à leur condition, et en mesure de les accompagner vers la même chance à l’emploi que les personnes « valides » ? Heureusement, les initiatives sont nombreuses, et on vous en propose une petite sélection, que l’on espère inspirante !
Des ateliers pensés pour les professionnel(le)s de l’insertion :
Première étape : sensibiliser les professionnel(le)s de l’insertion aux situations de handicap, pour qu’ils/elles puissent en parler à leur tour. On peut être bien renseigné sur le sujet, ce dernier est tellement large que certaines conditions peuvent facilement nous échapper. Souvent sensibilisé(e)s face à l’évidence du handicap physique, c’est vers les situations « invisibles » qu’il est bon de se renseigner. Les légers autismes, les dyslexiques, les aphasiques, etc. sont autant de particularités que l’on ne remarque pas au premier abord, que de personnes qui nécessitent une attention différente et une adaptation des formations et ateliers que l’on propose.
En Normandie, des formations sont proposées par l’ALFEPH (Alternance Formation Emploi des Personnes Handicapées) à tous/tes les professionnel(le)s de l’insertion. Les accompagnant(e)s des CFA, Missions Locales, de Pôle Emploi, etc. sont appelé(e)s à se rejoindre dans des ateliers centrés sur le handicap. Ils/elles y découvrent des méthodes d’adaptations de leur prestation selon la situation de handicap à laquelle ils/elles sont confronté(e)s, des phases de sensibilisation aux troubles « dys », aux handicaps sensoriels. Ces formations sont gratuites et permettent de créer de véritables pros du handicap, qui seront à même d’accompagner leurs publics plus exigeants !
Transmettre les acquis
Ces connaissances, on ne va pas les laisser au placard ! Les jeunes en voie d’insertion ont besoin d’en savoir plus sur ces personnes qu’ils/elles croiseront dans leur vie professionnelle, et qui ne conçoivent pas les réalités de la même manière qu’eux/elles. Connaître les situations de handicap, pour intégrer à son équipe ces collègues « un peu différent(e)s », et surtout les traiter comme des égaux/ales sans avoir à se poser la moindre question, voilà un atout qui permet d’approcher son prochain emploi avec de meilleures armes.
Focus sur la Guyane française, plus précisément Cayenne et Saint-Laurent-du-Maroni, où la Mission Locale organise pour ses publics des ateliers de sensibilisation. Rencontres avec des professionnel(le)s des métiers du handicap, initiation à la langue des signes, projection de films, beaucoup d’activités sont prévues. Les jeunes trouvent des réponses quant aux idées reçues, mais peuvent aussi se sensibiliser aux métiers d’accompagnement aux personnes en situation de handicap.
Au tour des patron(ne)s de comprendre les situations de handicap !
Si l’on s’en tient à la loi, toute entreprise de plus de 20 employé(e)s est tenue d’avoir dans son effectif humain 6% de personnes en situation de handicap. Un chiffre considéré comme trop faible selon les associations d’aide à l’insertion (fixé en 2008, et qui n’a toujours pas bougé en 2020), et qui n’est de toute façon respecté que par 57 % des entreprises. Selon une enquête de l’Express, beaucoup d’employeurs/euses redoutent le manque de qualifications des demandeurs/ses en situation de handicap, réduisant le nombre de postes disponibles/qu’ils/elles « veulent bien » leur proposer. Ils/elles appréhendent également le coût financier des aménagements à mettre en place, et ont peur d’une perte de productivité. S’ajoute donc la frilosité des patron(ne)s à intégrer à leurs équipes des employé(e)s envers lesquel(le)s ils ne sont pas assez sensibilisé(e)s.
Les points les plus essentiels :
- Il ne s’agit pas de répondre à une politique de « quotas » mais bien d’employer des personnes tout aussi capables d’assurer leurs missions.
- Ce n’est pas aux travailleurs/euses handicapé(e)s de trouver des postes adaptés à leur condition, mais bien aux entreprises d’adapter ceux pouvant être pourvus par ces personnes.
Pour pallier ces appréhensions et parler sensibilisation au handicap, la Mission Locale de Vaulx-en-Velin propose l’atelier R.E.M.I (Reporter En Métiers Inconnus). En accord avec des entreprises de la région, des jeunes bénéficiant d’une RQTH (Reconnaissance Qualité Travailleurs Handicapé), viennent filmer un documentaire sur une profession de leur choix. Double échange qui peut permettre rencontres et opportunités, lorsque les dirigeant(e)s peuvent s’enquérir directement auprès des concernés pour savoir ce qu’il faut mettre en place s’ils/elles veulent postuler à ces emplois !
Sensibilisation ludique
« Vieux, noir, paraplégique, Gérard Lefort a tout pour vous plaire ! » Pour terminer sur une note joyeuse, nous n’avons pas pu résister à l’idée de vous parler de ce conférencier professionnel très actif, qui réalise des spectacles-formations sur le handicap au travail. Paraplégique suite à un accident, Gérard Lefort milite pour porter un regard différent sur le handicap, et utilise un ton humoristique pour parler de la réalité quotidienne des travailleurs/euses handicapé(e)s. Un parcours et une reconversion inspirant(e)s, qui peut permettre à tou(te)s de se sensibiliser et de pouvoir intégrer de nouvelles idées dans le monde du travail !
Ces initiatives sont autant centrées sur les professionnel(le)s de l’insertion que les personnes qu’ils/elles accompagnent. Une belle manière de jouer sur le collectif, une sensibilisation commune, mais aussi de permettre aux concerné(e)s de s’exprimer, d’évoquer leurs difficultés et de mettre en avant leurs capacités. Nombreux/ses sont les intervenant(e)s qui tentent de faire bouger les choses pour que le handicap au travail ne soit pas vu comme une tare à éviter mais comme un facteur prévu. Un sujet délicat, mais ô combien essentiel à aborder et à comprendre !
Un article rédigé par Thierry de Pinsun pour Métiers 360