Dans la lutte contre le chômage, on a vu des mesures, promesses de toutes parts – et on en convient, ce n’est en rien un objectif simple ! –, mais il semblerait que nous ayons trouvé une initiative qui, dans sa manière novatrice et hors-normes d’aborder le marché du travail, ait généré des résultats bien inattendus ! Vous en avez sûrement déjà entendu parler, et voici que l’action Territoires Zéro Chômeurs De Longue Durée passe de nouvelles frontières ! Cinq années d’expérimentation sur dix localités, et un bilan qui charme le ministère du travail : la démarche s’allonge de cinq nouvelles années, et auditionne 50 territoires supplémentaires – au lieu des 30 initialement prévus en cas de retour positif, c’est dire l’enthousiasme ! –. Une belle victoire pour ces acteurs/tricesde l’insertion solidaire. Aujourd’hui jeudi 1er juillet, l’appel à candidatures pour rejoindre l’expérimentation est ouvert, et vous pourriez être localement concerné(e)s par son arrivée !
Qu’est-ce que « Territoires Zéro Chômeurs De Longue Durée » ?
Lorsqu’on nous dit « zéro chômeurs », on pense à une douce utopie. Les chiffres augmentent, ou stagnent, et la réalité des chômeurs/ses montre bien que le chemin à accomplir est loin d’être terminé. C’est là que l’initiative se pose, en ayant réfléchi à comment contrer ce fatalisme, trouver une solution adaptée, qui plutôt que de s’intéresser aux emplois proposés dans les diverses régions, choisit de se centrer sur les profils des chômeurs/ses de longue durée. La démarche en devient simple : les acteurs/trices de Territoires Zéro Chômeurs rencontrent les personnes privées d’emploi depuis plus d’un an, recensent leurs compétences, ainsi que leurs envies. Il s’agit ensuite de créer un emploi qui s’y apparente, et offrir au/à la chômeur/se une possibilité de réinsertion, en lui proposant immédiatement un CDI. On évite ainsi les nombreux cas d’inadéquation entre les postes disponibles et les profils professionnels des chômeurs/euses. Le financement de ces contrats est simple : une réaffectation des coûts et manques à gagner (RSA, CMU) auxquels s’ajoute une dotation de l’État pour que le salarié(e) bénéficie d’un salaire au SMIC complet.
Des structures adaptées pour la création d’emploi
Pour mettre en place le processus, Territoire Zéro Chômeurs crée des EBE : des Entreprises à But d’Emploi. Ces structures permettent la création des emplois correspondant aux compétences recensées. En accord avec les entreprises présentes sur les territoires concernés, pour ne pas leur faire de concurrence, elles redéfinissent les besoins des collectivités, et les accordent avec leur démarche. Par leur volonté d’inclure un cadre social, elles donnent un nouveau sens à la vie de quartier. C’est ainsi que naissent des recycleries, des cantines solidaires, des centres d’accueil touristiques ou, par exemple à Villeurbanne, une conciergerie de quartier qui propose aux habitant(e)s un accès à des services aux particulier(e)s : bien-être, embellissement de logement, travaux administratifs, épicerie maraîchère…
En plus de sa démarche sociale, qui permet tant de retrouver un accès à l’emploi que de toucher au quotidien des locaux/cales, les EBE se basent sur les principes engagés par Territoires Zéro Chômeurs, et les respectent à la lettre. Les emplois générés sont aussi à but de formation, permettant aux nouveaux/velles employ(é)s de découvrir un nouveau métier correspondant à leurs capacités, et de pouvoir acquérir des compétences leur permettant ensuite de postuler ailleurs. L’emploi est à temps choisi, c’est au/à la salarié(e) de déterminer, selon ses contraintes mais aussi ses envies, s’il/elle désire commencer en temps plein ou en temps partiel. Dans la plupart des cas, il a été constaté que ces dernier(e)s se dirigent régulièrement vers un mi-temps, mais demandent rapidement une augmentation de leur charge de travail hebdomadaire.
Et le plus important dans la démarche : aucune discrimination à l’embauche ! Tout chômeur/se de longue durée se présentant à Territoire Zéro Chômeurs est engagé(e), point. Le leitmotiv principal de l’initiative est que « Personne n’est inemployable, ce n’est pas le travail qui manque ». Sur leur page Facebook,de courtes vidéos faisant parler des nouveaux employé(e)s appelant au renouvellement de l’expérimentation montrent une diversité de profils. On retrouve beaucoup de femmes, de personnes peu diplômées, en situation de handicap, etc. Mais aussi des gens privés d’emploi depuis plus de 20 ans, qui ont pu se sortir d’une certaine léthargie sociale, et retrouvent un certain sens/goût à la vie. Une opportunité pour ces personnes s’étant éloigné(e)s du marché de l’emploi, fatigué(e)s d’essuyer des refus en raison de leur genre, affiliation religieuse, condition physique, ou se considérant comme trop vieux/vieilles. Personne n’est inemployable, ce n’est pas le travail qui manque !
Vers une initiative généralisée ?
Aujourd’hui, Territoire Zéro Chômeurs a permis un retour à l’activité salariée à un peu plus de 1 100 personnes. Un bilan qui a été entaché par la crise sanitaire, ne permettant pas aux EBE de proposer tous les secteurs d’activité possible, mais restant positif pour le ministère du travail qui souhaite renouveler l’expérience pour cinq années supplémentaires.L’objectif du gouvernement, en ouvrant ce dispositif à 50 territoires supplémentaires, est d’atteindre les 5000 salarié(e)s d’ici à 2022. De nouvelles candidatures seront étudiées une fois les 50 nouveaux lieux d’insertion sélectionnés et un nouveau bilan établi.
Une opportunité qui se démocratise, et peut être l’occasion d’un nouveau moteur pour vos publics. Dans les dix premières localités d’expérimentation, des salarié(e)s disent avoir découvert Territoires Zéro Chômeurs sous l’impulsion de leur Mission Locale. Un partenariat qui peut être intéressant à développer, pour une nouvelle façon de concevoir l’insertion et le retour à l’emploi.
Une réponse
Cela commence doucement mais quelle belle initiative et pleine d’intelligence adaptative et respectueuse des besoins et compétence de chacun.